mercredi 5 décembre 2012

Nouvelles du front

En général, quand ce blog ne bouge pas, c'est que le proprio est occupé, notamment avec des projets d'écriture. Faisons donc le point.

pastiches.net
Beaucoup de publications ces dernières semaines : des pastiches évidemment (Modiano, Flaubert), de pasticheurs plus ou moins célèbres, des ouvertures de rubriques (du Bellay, et bientôt Proust), interview, critique... On peut même m'y voir (et écouter) jouer du piano. Bref, pas mal d'amusement de ce côté-ci. Et pour moi, un projet stimulant sans la gestion un peu lourde des 807.

todo listes, tome 2
Je ne vais pas revenir sur ce projet fou. J'ai publié ici mes photos accompagnées chacune des 4 items de Christine Jeanney.

Le deuxième tome, tout numérique, vient donc de sortir, toujours chez publie.net, qu'il faut soutenir, ils en ont besoin.

La poésie de Christine est un régal et la visite de son tout nouveau site (grâce au talent de Joachim Séné pour rature.net) s'impose.



Zonaires
Patrick L'Ecolier, le barman du café Calipso, a perdu la tête. Il vient de créer une maison d'édition !

Pour mettre en marche sa structure, appelée Zonaires éditions, il sort le 20 décembre (oui, le 20/12/2012) un recueil avec une sélection des textes de l'aventure des 100 derniers jours. On y retrouvera ma contribution, lue au café puis ici.

Patrick a créé un site pour Zonaires et présente le recueil au café.


Un nouveau site !
Que faut-il pour être un véritable auteur ? Publier des livres, êtes-vous tenté de me
répondre. Et non, il faut un site d'auteur ! C'est en gestation. Pour l'instant, quand vous tapez franckgarot.net, vous tombez sur Vers minuit. Dans quelques temps, vous découvrirez un nouveau site, préparé par rature.net, Ze référence en sites littéraires. Nous préparons cela avec Joachim, à notre rythme. Ce site me ressemblera : musique, textes, images, voyages. J'ai hâte.

C'est tout ?
Presque. Je suis en phase intense d'écriture. Il faudra bien alimenter ce site. Du rock, du Satie, de la poésie. Entre autres. Gardons des surprises !

mercredi 5 septembre 2012

La chaîne du lire

On nous rabâche régulièrement les oreilles avec la chaîne du livre. Les gouvernements successifs et le SNE la défendant bec et ongles pour le bien de l’auteur qui n'a pas droit au chapitre. Bien entendu, cette chaîne du livre est une vue d’esprit (étroit). Elle n’existe pas. Premièrement parce que des francs tireurs en font péter des maillons et deuxièmement parce que les tireurs de ficelle ont soudé des maillons entre eux, notamment les maillons éditeur et distributeur. Bref, elle a une sale gueule cette chaîne.

J’aimerais plutôt vous parler ce soir de la chaîne du lire. Et revenir sur C’était de Joachim Séné.

La chaîne commence après que Joachim a survécu à la vie d’entreprise, a décidé de parler de cette expérience et commencé à l’écrire. La publication est quotidienne sur un blog participatif Le Convoi des Glossolales animé par l’inénarrable Anthony Poiraudeau. Ceci a duré un an. Je n’avais pas tout lu, mais ce que j’avais lu m’avait plu. Elle a continué avec un fichier PDF autoproduit dont j’ai parlé ici. Tout de suite la cohérence, la résonance avec ma propre expérience. L’étape suivante, c’est l’acquisition de ma tablette, l’abonnement annuel à publie.net et la lecture de l’epub. La confirmation que ce texte est important. Enfin, après un petit coup de pouce amical pour la correction, c’est l’achat de la version papier chez ma libraire puisque C’était fait partie des happy fifty-seven du catalogue publie.net à entrer dans celui de publie.papier (accord entre publie.net et Hachette Livres pour l’impression à la demande).

Cette chaîne du lire peut continuer : lecture dans un théâtre, diffusion sur France Culture, adaptation au cinéma, mais là je m’égare. Revenons sur la dernière étape de la chaîne. J’ai utilisé un service d’impression à la demande pour la première
saison des 807. Souvenez-vous. Avec Hachette Livres on change de division, l’objet est très beau. Voyez la photo. Bon, il faudra maintenant que Joachim utilise un stylo (il n’a pas l’habitude, le garçon) pour me faire une dédicace.

Pourquoi parler de cette chaîne-là ? Simplement pour préciser à nos faiseurs de lois, à l’heure des attaques toutes directions (droit d’auteur, prix du livre numérique, CNL, œuvres indisponibles, et j’en passe) que la création littéraire ne se résume pas à l’objet livre (allez, quand même, histoire de rire un bon coup : lisez l’appel des 451). C'est un manque de respect d’appliquer une échelle de valeur aux œuvres par rapport à leur format. L’œuvre de Joachim Séné a la même valeur littéraire qu'elle soit sur blog, dans un epub ou dans votre librairie.

Je publie blog, je publie epub, je publie papier. Et j’emmerde les cons.

jeudi 16 août 2012

Les ders des ders

Je ne suis pas amateur de poésie. Je lis régulièrement Baudelaire et Verlaine, et des haïkus.

C'est honteux de le dire mais je lis peu de poètes vivants. Certains d'entre eux néanmoins éveillent ma curiosité, tels Maryse Hache récemment, et Guillaume Siaudeau. Si vous fréquentez les 807, vous connaissez ces noms. Et si vous fréquentez les 807 depuis le début, vous connaissez celui de Thomas Vinau.

C'est via Christophe Sanchez sur Twitter puis Facebook, que j'ai eu connaissance de son recueil Les derniers seront les derniers publié par Frédérick Houdaer pour le Pédalo ivre. Christophe avait photographié et partagé ce poème magnifique :
La phrase du siècle

Ce fut une fête fabuleuse
où tous les mammifères furent ivres
on y fêtait la fermeture
du Grand Magasin Général
le soleil fut bradé
contre de l'alcool frelaté
la lune jetée aux ordures
personne ne vit s'éteindre les étoiles
la voie lactée fut dégradée
et le lendemain balafré
à la bombe de peinture sale
quelqu'un laissa au cutter
une gravure dans le ciel
reprenant le mot de Beckett :
vomir et partir

Thomas Vinau
Je pourrais vous parler d'autres poèmes du recueil, comme Lettre du front, La lèpre ou Les gros mots pour vous donner envie de vous le procurer. Mais, fidèle à mes petites manies, je vous propose un pastiche. Après Verlaine, je m'attaque donc à un poète vivant, bien vivant. J'espère qu'il le lira comme un hommage.
Ma tire à deux balles

Elle deviendra quoi
ma tire à deux balles
qui a traversé
le pays
pour venir
te chercher
elle deviendra quoi
ma tire à deux balles
qui a servi de lit
quand on a baisé
cette nuit-là
sur un air
d'autoroute
elle deviendra quoi
ma tire à deux balles
quand j'aurai gagné
des millions
au loto des euros

Franck Garot

mercredi 30 mai 2012

Items 293 et 328

Deux nouvelles images de votre serviteur pour la todo liste de Christine Jeanney. Je rappelle que les 180 premières todo listes sont toujours en vente chez publie.net.

todo liste, 293


– penser d'abord qu'il manque un rien, un cheveu pour qu'ils bougent

– penser que cette pensée génère leur mouvement, ils bougent pris entre deux vitres deux secondes deux muscles et oscillent indéfiniment

– et c'est nous qui restons statiques, avec nos simagrées nos gesticulations

– penser que leur ombre change dans une toute autre direction, que la danse se poursuit ailleurs, une forme fuit qu'on n'a pas le temps de cerner, ou c'est ce son, impossible à identifier, il s'infiltre profond, bat le rappel, ou le reflet d'une vitre, celui-là, l'autre ailleurs, l'ailleurs est plante carnivore aux tiges croissantes, lianes lancées qui s'entortillent, s'enroulent sur tes jambes peut-être, brisent ta marche, et puis-? de quoi as-tu peur, danse


todo liste, 328


– ne pas savoir quel goût ça a, le TIPЦKЯ, ne pas savoir le prononcer

– (penser manger mais c'est peut-être un vendeur de journaux, ou d'escalopes, ou d'estragon en vrac, une échoppe de réparateur de bottes qui les recouvre de fourrure et les baigne de cire pour vous les rendre lisses et soyeuses comme des perles, elles glissent ensuite si bien que la banquise se creuse de marques longilignes laissées par les passants qui flottent par dessus patineuses indolentes et ne s'arrêtent qu'une fois au bout de l'horizon, bout de la glace blanche, bout du pôle nord, bout d'extrapole, bout de jointure de terre – et en ce cas TIPЦKЯ veut dire "aller plus loin")

– quand tu cliques sur les cases grises elles ne s'allument pas, ce jeu cassé

– mais ce n'est pas un jeu le froid, cette impression d'avoir les os fragiles, que la chair les protège comme on enroule du verre dedans du papier bulle, on est anxieux et ce n'est pas un jeu ce que le vent essuie

lundi 14 mai 2012

Remercier et repartir

Le changement est effectif depuis le 8 mai. Non, je ne parle pas du président de la République mais de taulier pour les 807. Camille Philibert et Laurent Gérard ont repris la boutique numéro 807. Ils ont fait le coup en douce pendant mon exil américain. Qui part à la chasse perd sa place, dit-on. Ce voyage m'a permis d'avancer sur un autre projet littéraire dont vous entendrez parler prochainement, et de prendre cette photo.


Je souhaite bonne chance aux nouveaux tauliers, ne regrette rien et savoure toutes ces minutes gagnées chaque jour. J'en profite pour reproduire ici mon dernier 807 comme juge & partie, il me fallait terminer avec Éric Chevillard qui, le pauvre, n'a rien demandé à personne, encore moins de se faire pasticher une nouvelle fois par votre serviteur.

Merci à tous pour cette riche expérience de près de 3 ans et demi. Je ne savais pas où j'allais lorsque j'ai commencé ce projet, j'aurais été bien incapable de prévoir une telle longétivité, un tel intérêt, que des livres seraient publiés, que tant de participants se manifesteraient, que des liens pas seulement hypertextuels se créeraient. Le réseau n'est pas si virtuel.

Fin de partie

Tiens, papa, c’est pour toi, me dit Agathe en me tendant un petit bouquet vert cueilli dans mon dos tandis que je me livrais, accroupi, au dénombrement annuel des brins d’herbe de ma pelouse. Merci, ma chérie belle – et j’arrachai sèchement le huit cent septième qui me chatouillait l’index pour lier sa gentille offrande.
(l'Autofictif n° 1347, 18 septembre 2011)


Tiens, taulier, c'est pour toi, me dit Éric Chevillard en me tendant un petit livre blanc composé dans mon dos tandis que je me livrais, assis devant mon clavier, à la programmation quotidienne de ce blog. Merci, mon chéri beau – et je mis sèchement fin à mon aventure bloguesque, décision qui me chatouillait l'esprit depuis longtemps, pour lire L'Auteur et moi, sa gentille offrande.
(les 807 n° 1430, 21 avril 2012)

~ Éric Chevillard, Franck Garot

lundi 30 avril 2012

Liste électorale : second tour


Voici donc la suite et fin de ma contribution aux 100 derniers jours du café Calipso. Merci encore au barman d'avoir animé avec brio ce compte à rebours.

100 choses à faire ou à défaire pendant une campagne électorale
Mes résolutions du dimanche (2/2)

51. le violon est plein, acheter un violoncelle
52. réaliser que ça fait cher l’urinoir
53. chanter « ah ! ça ira, ça ira, ça ira, les aristocrates halal Lanterne »
54. ne pas confondre malaise vagal et malaise halal
55. préférer la verte campagne à la campagne des Verts
56. combien coûte une contrebasse déjà ?
57. craindre de passer du régime Dukan au régime Ducon
58. proposer le mandat présidentiel à 1 an pour limiter la glandouille de 4 ans
59. investir dans le commerce de parachutes en prévision des législatives
60. rappeler que le courant alternatif est plus économique que le courant continu
61. se réjouir du nombre de sondages : on va bientôt trouver du pétrole
62. se demander si toucher le pompon des gars de la Marine ça porte toujours chance
63. se dire qu’au moins pendant la campagne électorale, notre cerveau peut se reposer
64. chanter « ainsi font, font, font, les petites marionnettes, ainsi font, font, font, deux p’tits tours et puis s’en vont »
65. apprendre à son fils que cette campagne-là n’a pas de fermes
66. avouer qu’elle a tout de même ses porcs
67. apprendre à son jeune fils où se trouvent sa droite et sa gauche
68. abandonner en constatant qu’il est difficile de les différencier
69. non, rien
70. calculer le coût de la campagne en nombre de SMIC annuels
71. constater que débat rime avec passe-plat
72. s’étonner que l’école hôtelière ne délivre pas de carte de presse
73. ne pas confondre urinoir et isoloir
74. découvrir qu’il reste de la poudre à la Bastille
75. remarquer qu’elle ne sert qu’au maquillage des danseuses de l’Opéra
76. se dire que les candidats ont sûrement leurs réserves pour leur maquillage idéologique
77. préférer la mer à la campagne
78. vu le succès de The Artist, proposer que les débats soient diffusés en muet et noir et blanc
79. remplacer les manuels scolaires par des codes de la route
80. se souvenir qu’Europe, dans la mythologie grecque, a eu une expérience zoophile avec un taureau blanc
81. renoncer à transposer l’image à la Grèce d’aujourd’hui
82. s’amuser que nos capitaines d’industrie sont aussi des capitaines de yacht entre les îles Caïmans et les Bahamas
83. au vu des ces derniers items, constater que cette campagne fait des dégâts dans notre cerveau et qu’il est temps qu’elle se termine
84. prévoir des vacances à l’étranger, entre le 22 avril et le 6 mai, inclus
85. puisque l’abstention est un candidat aussi populaire que d’autres, vérifier si elle a le même temps de parole
86. penser à toutes les couleurs du vote : blanc, bleu, brun, rose, rouge, vert, etc. et chanter Over the Rainbow (Warrior)
87. réviser l’Internationale et Maréchal, nous voilà, au cas où
88. comme à chaque élection, appeler sa mairie pour demander si le vote électronique est toujours en place
89. se voir répondre par l'affirmative
90. jubiler en lançant son éternel : eh bien, j'irai pas voter !
91. se sentir rassuré car on ne sait pas qui on aurait choisi
92. regretter la hauteur de ces deux tours
93. constater qu’un programme électoral est aussi pénible à lire que le menu du restaurant chinois où nous avons nos habitudes
94. rappeler à toutes fins utiles que les mots « candidat » et « candide » n’ont pas la même étymologie
95. se demander comment Joachim Séné s’y est pris pour que tous les candidats parlent de La Crise
96. se dire que dans certains pays on se bat pour avoir la possibilité de voter
97. prier pour que la prochaine on aille voter pour le meilleur et pas pour le moins pire
98. préférer le camembert Gillot (moulé à la louche) au Président
99. aller voter
100. avoir honte, de tout ça, d'eux, de soi

jeudi 5 avril 2012

Items 249 et 280

Deux nouvelles images de votre serviteur pour la todo liste de Christine Jeanney. Je rappelle que les 180 premières todo listes sont toujours en vente chez publie.net.

todo liste, 249


– mon don quichotte petit petit, les moulins sont cassés, ta petite force majestueuse

– il faisait froid, viens te couvrir, ne laisse pas ta gorge à l'air, l'étiquette avec le prénom cousue au gant

– des photos de l'enfance on a dans des boîtes à galettes boudoirs et langues de chat, dans des boîtes en carton usées aux angles et le couvercle ferme mal, celle que l'on sort, si simple, c'est le hasard avec sa balançoire, le bac à sable, le gilet à boucles de laine à la mode des bergers d'opérettes, et ces questions informulables, où les mettre, dans quelle boîte, toi qui es-tu que je regarde et c'est moi que je vois, qu'est-ce qu'on pourrait se dire en face, à part l'amour, la peine pour tout, l'incompris, le fragile, le poreux, les murs rêches, la peur pas née des kystes et des tumeurs malignes (maligne c'était la femme du goupil, et Ysengrin sa queue dans la glace coincée), on rebondissait sur la terre, immortel, et on pleurait d'une terrible écharde

– un conte on se raconte assis sur un ballon, perle princesse petit pois, planète dessous en matelas, sphères à la suite, des fractales, etc.


todo liste, 280


– il était tout en pleurs, on a bien fait de l'rammasser

– en plus en plat à emporter, et ceux qui passent ne s'arrêtent pas, hep-! hep-!

– dans cette ville, chaque magasin délivrait sa spécialité, canettes de bièrajoie, barquettes de gratitude – sauce pimpante, sauce vinaigralerte -, sachets de freine (un peu) ou de vas-y-mollo (au moins), quelques bouteilles d'exactitude et des rouleaux de temps en vrac

– en revanche le tenancier traîne un visage long comme ça, juste au-dessus d'un menton bas et ses bras sur le sol qui pendent d'être si maussade et chagrin, une publicité désolante

dimanche 18 mars 2012

L'histoire de France revisitée

C'est la troisième fois, il me semble, que je vous parle de Jérôme Attal. C'est qu'un type comme lui fait tout pour attirer ma sympathie.

D'abord, il écrit des livres drôles et sur des sujets qui me touchent, comme Andy Warhol, le Velvet. Ou bien il se lance dans des projets assez barges comme celui d'écrire un livre dont vous êtes le héros, perdu dans toutes les possibles de l'amour. Enfin, il accompagne chacune de ses productions littéraires par une chanson.

Son nouveau livre revisite l'histoire de France, façon Attal. Autant dire que ça doit être du n'importe quoi. Je ne l'ai pas encore lu, mais vous pensez bien qu'un livre dans lequel Louis XIV sifflotte I'll be your mirror en traversant la galerie des Glaces attise ma curiosité.

Jérôme sera en dédicace à l'Amandier à Puteaux (chez lui, en somme) le samedi 24 mars de 10h30 à 13h30 d'après mes informations. Je ne pourrai m'y rendre, et le regrette déjà. Pour la dédicace de Pagaille monstre, j'avais amené ma guitare et nous avions chanté ensemble Une journée dans la vie d'Andy Warhol. J'aurais aimé cette fois-ci le voir se prendre pour le Roi-Soleil et nous chanter qu'il restera notre miroir, et je l'aurais volontiers accompagné des 3 accords et demi de Lou Reed.
____
L'Histoire de France racontée au extra-terrestres, de Jérôme Attal, Stéphane Million éditeur, 199 pages, 18 euros

mardi 13 mars 2012

Liste électorale


Comme indiqué ici, je participe aux 100 derniers jours du café Calipso. J'ai décidé, voté, élu une participation sous forme de liste. On la retrouve chaque dimanche. Je vous livre ce soir les 50 premiers items.

Je vous conseille la fréquentation du café, on a pu lire récemment des textes de Jean Calbrix, Joël Hamm, Patrick Ledent, Désirée Boillot, entres autres écrivains dont j'aime la plume drôle et affûtée. Merci à Patrick L'Ecolier, notre maître de cérémonie, pour l'invitation (et l'illustration de ce billet). J'ai inséré dans la liste les liens vers les publications sur Calipso afin d'y retrouver les illustrations associées.

100 choses à faire ou à défaire pendant une campagne électorale
Mes résolutions du dimanche (1/2)

1. mettre un bonnet blanc
2. rire moins fort (en gros passer du « ah ah ah » au « ah ah »)
3. puisqu'elle reste éteinte, remiser la télévision au grenier
4. expliquer à son fils que cette primaire-là n'est pas son école
5. se demander lequel des candidats a ses 807 signatures
6. prendre une lanterne
7. se rendre compte que c'était une vessie
8. répondre « casse-toi pauvre con » à toutes les questions
9. penser que la télévision doit se sentir bien seule
10. remiser la radio au grenier
11. remplacer le bonnet blanc par un blanc bonnet
12. déchirer sa carte d'électeur
13. demander à Geppetto d'arrêter ses conneries et de prendre sa retraite, les marionnettes pullulent, sans parler de leur nez
14. venir flâner chaque jour dans le café Calipso
15. comparer la couleur de la droite brune avec celle de l'étron qui flotte dans la cuvette des toilettes
16. constater, incrédule, le résultat : même odeur !
17. travailler plus pendant un mois pour gagner plus
18. se rendre compte qu'au final on dort juste moins
19. réaliser qu'on est payé au forfait jour
20. emprunter La Conquête à la médiathèque
21. se demander si faire un gosse ça rapporte plus de voix que de retarder un divorce
22. pisser dans un violon
23. demander à un pote néerlandais s'il voterait pour un candidat qui s'appellerait Frankrijk
24. tomber d'accord avec lui : la question est débile
25. garder pour soi la question qu'on prévoyait pour le pote danois concernant un accent français
26. voir un veau dans son miroir
27. entendre le Général se marrer
28. briser les miroirs
29. recoller sa carte d'électeur avec du Scotch
30. acheter toutes les roses de son fleuriste
31. jouer à « je t'aime, un peu, beaucoup, passionnément... »
32. constater, dépité, que toutes les roses ont 6 pétales
33. se souvenir de Berlioz, Debussy, Quentin de la Tour, Saint-Exupéry, Delacroix, Eiffel, Pierre et Marie Curie, de leurs têtes sur des billets de banque
34. réfléchir à quels seraient les héros sur les billets de nouveaux nouveaux francs
35. après avoir pensé à Noah et Zidane, se résoudre finalement à l'architecture
36. faire quelques jeux de mots à la con avec le nom des candidats
37. abandonner les jeux de mots, le cœur n'y est pas
38. ne jamais sortir sans ses boules Quiès
39. échanger sa guitare électrique contre un pipeau
40. planquer couteaux, médicaments, corde, pistolet et mettre un disque de Carla Bruni
41. se féliciter d'avoir tenu bon, puis enlever ses boules Quiès
42. brûler sa carte d'électeur
43. réfléchir à la possibilité du vote blanc
44. se demander comment aller voter quand on a brûlé sa carte d'électeur
45. se rappeler qu'il suffit d'avoir sa pièce d'identité
46. réfléchir à la possibilité du blanc vote
47. changer de cantine, le Fouquet’s n’est plus tendance
48. se dire qu’on ne devient pas une lumière seulement en résidant à la Lanterne
49. réfléchir à la possibilité de l'exil
50. réaliser qu'on vient tout juste d'atteindre la moitié

lundi 6 février 2012

Je serai ton miroir

Littérature et musique ce soir avec le recueil de nouvelles Tous nos petits morceaux d'Emmanuelle Urien et de I'll be your mirror du Velvet Underground (oui, encore).


Si les miroirs parlaient...
Tous nos petits morceaux d'Emmanuelle UrienTous nos petits morceaux, publié en septembre 2010, a tout pour me plaire, un auteur au style précis, implacable, un excellent éditeur (on va finir par croire que j'ai des parts chez D'un noir si bleu ou que je voudrais qu'ils me publient, faux deux fois) et un thème, ici : le miroir.

Je pensais qu'Emmanuelle allait passer en revue toutes les déclinaisons du thème, explorer toutes les pistes, nous fournir un kaléidoscope de couleurs noire et grise, mais elle a appliqué à la lettre une méthode : faire parler des miroirs. Mises à part deux nouvelles, chaque texte fait littéralement parler un ou plusieurs miroirs. Ainsi, je suis déçu par Témoin spéculaire. Le miroir décrit une scène (certes forte, certes intolérable) seulement, qu'apporte-il à l'histoire ? Pourquoi pas un narrateur impersonnel ? Ici, je ne trouve pas l'intérêt de l'exercice de style, le miroir ne sert à rien.

Là où l'exercice devient intéressant, voire passionnant, c'est quand le miroir intervient réellement, devient personnage, comme c'est le cas avec Psyché et Thanatos. Je n'ai jamais lu de texte aussi fin sur le mal-être d'une ado, presque femme, le corps comme obsession, le genre d'obsessions qui mènent à l'anorexie ou la boulimie, comment accepter ce corps qui change, le regard des autres, et dans cette nouvelle on ne sait jamais si la perception de l'ado vient d'elle ou du miroir qui la parasite, et le psychologique et le fantastique se répondent dans une danse diabolique. De la belle ouvrage. Du Urien grand cru.

Ainsi, l'exercice de style s'éloigne à mesure que les miroirs deviennent personnages. C'est le cas évidemment avec le premier texte du recueil, Éclats de miroir, un véritable festival. Je connaissais déjà cette nouvelle qui a gagné nombre de concours jadis. D'habitude, je lis en dernier (ou pas du tout) les textes que je connais dans un recueil, mais j'avais tellement adoré celui-ci, que je me suis précipité pour le relire. Et cette chute, très Urien, imparable.

Autre exemple, ce dialogue dans Tentative réussie d'approche de l'infini entre deux miroirs d'un bar-PMU, deux narrateurs pour une même scène (un couple assis à une table), rai de lumière positive dans le noir habituel de l'auteur. Elle inverse ici les rôles, les miroirs sont les personnages alors que le couple devient le sujet de leur conversation.

Et puis, il y a Le jeu du miroir, le dernier texte. Les recueils d'Emmanuelle Urien sont les seuls que je lise en respectant l'ordre des nouvelles. Parfois, je saute un texte si je le connais déjà, mais en général je lis dans l'ordre. Parce qu'elle sait donner le ton de ses recueils avec le premier texte et qu'elle me cueille avec le dernier. Et celui-ci, très fort, à plusieurs chutes, referme parfaitement le recueil.

Je ne suis pas déçu, je m'attendais juste à autre chose. Malgré tout, Emmanuelle Urien parvient à se détacher de l'exercice un peu artificiel pour retrouver son propre style. Je ne sais si ce thème était pour elle un pari qu'elle a relevé, une volonté de fédérer des textes sur un thème précis qui lui importe, un moyen d'écrire autrement un recueil, un besoin de contrainte pour écrire de nouveaux textes, mais ce qui en résulte, c'est encore un recueil au-dessus de la mêlée.

L'homme regarde le miroir, le miroir regarde l'homme peut-on lire en exergue du recueil (citation de Koan Zen). Ça colle parfaitement au recueil d'Emmanuelle. Je lui avais proposé I'll be your mirror, reflect what you are, in case you don't know de Lou Reed, tout de suite plus prétentieux. Et voilà la transition !


The style it takes
Cette chanson du Velvet Underground, I'll be your mirror me hante depuis 20 ans. Peut-être parce qu'on peut tout dire du miroir. Le texte, simple, permet plusieurs niveaux de lecture. Lou Reed a écrit une chanson d'amour, mais le texte peut aussi dire l'amitié, le travail d'un artiste lorsqu'il souhaite décrire le monde, tel qu'il est, tel qu'il devrait être.

Cette chanson, je l'ai jouée et chantée sûrement des centaines de fois, seul ou en groupe, à la basse, à la guitare ou au piano, en salle de répète sous la cafète de l'IUT du Havre au salon confortable de ma maison aujourd'hui. Et à chaque fois que je la chante, bien ou mal, c'est comme retrouver un ami, les accords viennent instantanément (faut dire qu'il n'y a en que 3 et demi), les mots aussi.

Et comme toujours, comme avec Satie, comme avec les pastiches (vous voyez, je suis cohérent parfois, comme garçon), j'ai toujours voulu comprendre pourquoi elle m'attirait tant, et comment Lou Reed l'avait écrite. Pasticher Satie, par exemple, c'est mettre un peu de soi pour créer avec le style d'un autre. Là, l'exercice est différent, j'ai décidé de prendre la chanson et de la tordre dans tous les sens. Trouver un arrangement au piano, ou partir de la version soft initiale pour y claquer des accords avec une fureur grunge, ou moduler le chant quitte à légèrement changer la mélodie. Et miracle, elle tient toujours debout.

C'est la leçon de l'écriture de Lou Reed, la simplicité. Pas besoin d'effets, de tonnes de violons, de solos endiablés, la chanson tient. Pour la littérature, je pense qu'il doit en être de même. Virer le gras. Virer les personnages inutiles, les adverbes racoleurs, les lourdes subordonnées, le vocabulaire ampoulé. Et le moyen d'y parvenir, pour moi, c'est la nouvelle, le texte court.

Le ridicule n'a jamais tué, surtout moi, j'ose tout (c'est à ça qu'on les reconnaît, il paraît). Alors, je vous livre ce soir trois versions de I'll be your mirror, j'en prépare d'autres, mais je vous épargnerai la totale, n'ayez crainte.

La première a 20 ans, mon âge à l'époque. En trio : Laurent Guiod à la batterie, Benoît Castellot à la basse et votre serviteur à la guitare et au chant. L'arrangement est de Benoît. Conditions d'enregistrement : magnéto K7 au centre de la pièce (une cave sous la cafète de l'IUT du Havre, vous avez suivi).


Les deux suivantes ont été publiés sur les 807 (Boule à facettes et Messages personnels).
Piano/voix :


Guitare/voix :

samedi 4 février 2012

Items 171 et 208

Alors que viennent de paraître chez publie.net les 180 premières todo listes, je vous propose ce soir, après les numéros 73 et 134, deux nouvelles images de votre serviteur augmentées des mots de Christine Jeanney.

Si je vous conseille la lecture de l'epub, ce n'est pas pour mes talents de photographe, je connais mes limites, mais c'est avant tout pour la poésie de Christine et la qualité de bon nombre de photos.

Dans ma todo liste perso, il y a deux projets qui commencent à prendre forme, qui mêleront musique et littérature, et qui subiront un coup d'accélérateur quand je donnerai les clefs des 807. 2012 s'annonce créatif.

todo liste, 171


– ce moment où : tu t'ébouriffes un peu, tu te masses le cou, tu orientes la lampe, le maquillage, un trait de bleu qui a coulé, le réécrire, l'estompe du noir à accentuer, les cils sombres comme tu le veux, rire quand l'autre passe, on se congratule mais le rétablissement à la dernière seconde, quel frisson, tu as caché l'hésitation sous une maladresse comique, on s'en est bien sorti cette fois

– ce moment où : la pénombre, le rideau, les coulisses, l'isolement, au dedans, soi dans l'obscur, se deviner, s'espérer, s'attendre, se chercher fébrile comme on retourne en trombe le contenu fou d'un tiroir

– ce moment où : tu te rassembles, chaque muscle en toi retrouve sa place, sa tension juste, tu es une mécanique huilée, une boule parfaite, parfaite sphère qui va se déployer dans toutes les directions, tu as confiance, malgré cela tu trembles

– ce moment où : arrive le lever, debout, la pénombre, le rideau, la lumière crue, à l'intérieur tu hurles que tu n'as pas peur, bravache, tomber ou s'envoler, les deux mon général, tu respires, mais tu voudrais qu'avant, d'un doigt seulement, on te caresse la joue, quelqu'un


todo liste, 208


– ah ! le gratin de chx fleuy, j'adore ça

– vous m'en mettrez trois tripotées, ma bonn'dame, avec un kilo de scr et ce sera tout

– vous n'êtes pas très causante par contre, malgré l'accorte face qui vous caractérise, êtes-vous sûre que ça va ?

– et là, elle ôte ses mains de bois qu'elle enlève comme des gants, pose sa tête sur la table avec un grand soupir, saisit la chaise et s'y assoit, cette fatigue qu'elle a, elle commence à parler, à parler, ça fait un grand tapage, les passants dans la rue s'arrêtent pour l'écouter, aucun n'ose l'interrompre, et même encore maintenant, dans cette rue-là, les gens y pensent, parfois ils s'interpellent, ils se disent (pas trop fort, avec des airs pudiques) Tu te souviens du jour ? et de ce qu'elle a dit ? et puis ils hochent la tête (là des airs entendus), ils se souviennent, et même très bien, de quand la femme de bois a égrené sa peine en vidant sa caboche et du monceau de plaies qu'elle a mis sur la table, et comme c'était grotesque et touchant à la fois

jeudi 26 janvier 2012

Les 807 saison 2 chez publie.net

Les 807 saison 2 publie.netpublie.net, le laboratoire de la littérature numérique, vient de sortir la saison 2 des 807 en epub, 512 pages pour 3,99 euros (cliquez ici ou sur la couverture). Je n'ai pas vérifié, n'ayant pas encore d'iPad, mais il doit même y avoir du son.

Je ne vous cache pas que ça représente du boulot, alors merci à François Bon, Joachim Séné et Roxane Lecomte qui ont permis cette publication.

Pendant ce temps, la saison 3 continue, jusqu'au 21 avril 2012. Il reste encore 60 places pour vos propositions. Ensuite, advienne que pourra car j'ai décidé de passer la main. Je suis prêt à donner les clefs au plus offrant. Je reprends l'annonce ici :
Le taulier jette l'éponge !
Offre d'emploi : Propose CDI de taulier des 807 à partir d'avril 2012. Rémunération nulle, travail conséquent. Une expérience d'édition ou de correction littéraires serait un plus. On peut trouver une description plus détaillée du poste ici. Notez qu'il n'est pas nécessaire d'aller à Bangkok ou Chişinău pour obtenir le poste. Adressez votre candidature au taulier lâcheur.

Et puisqu'il est question de mon 100e 807 (en lien dans l'annonce Pôle emploi), sachez que vous pouvez en écouter la lecture depuis ce matin dans le café Calipso à l'occasion du 807e post. Lecture par l'auteur, accompagné au piano avec une impro du même monsieur.

Je vous conseille la fréquentation de ce café, d'ailleurs j'y passerai tous les dimanches à l'occasion des 100 derniers jours avant l'élection de notre président. Je parle rarement politique, alors j'en ai profité pour n'en point parler davantage.