jeudi 16 août 2012

Les ders des ders

Je ne suis pas amateur de poésie. Je lis régulièrement Baudelaire et Verlaine, et des haïkus.

C'est honteux de le dire mais je lis peu de poètes vivants. Certains d'entre eux néanmoins éveillent ma curiosité, tels Maryse Hache récemment, et Guillaume Siaudeau. Si vous fréquentez les 807, vous connaissez ces noms. Et si vous fréquentez les 807 depuis le début, vous connaissez celui de Thomas Vinau.

C'est via Christophe Sanchez sur Twitter puis Facebook, que j'ai eu connaissance de son recueil Les derniers seront les derniers publié par Frédérick Houdaer pour le Pédalo ivre. Christophe avait photographié et partagé ce poème magnifique :
La phrase du siècle

Ce fut une fête fabuleuse
où tous les mammifères furent ivres
on y fêtait la fermeture
du Grand Magasin Général
le soleil fut bradé
contre de l'alcool frelaté
la lune jetée aux ordures
personne ne vit s'éteindre les étoiles
la voie lactée fut dégradée
et le lendemain balafré
à la bombe de peinture sale
quelqu'un laissa au cutter
une gravure dans le ciel
reprenant le mot de Beckett :
vomir et partir

Thomas Vinau
Je pourrais vous parler d'autres poèmes du recueil, comme Lettre du front, La lèpre ou Les gros mots pour vous donner envie de vous le procurer. Mais, fidèle à mes petites manies, je vous propose un pastiche. Après Verlaine, je m'attaque donc à un poète vivant, bien vivant. J'espère qu'il le lira comme un hommage.
Ma tire à deux balles

Elle deviendra quoi
ma tire à deux balles
qui a traversé
le pays
pour venir
te chercher
elle deviendra quoi
ma tire à deux balles
qui a servi de lit
quand on a baisé
cette nuit-là
sur un air
d'autoroute
elle deviendra quoi
ma tire à deux balles
quand j'aurai gagné
des millions
au loto des euros

Franck Garot