mercredi 30 mai 2012

Items 293 et 328

Deux nouvelles images de votre serviteur pour la todo liste de Christine Jeanney. Je rappelle que les 180 premières todo listes sont toujours en vente chez publie.net.

todo liste, 293


– penser d'abord qu'il manque un rien, un cheveu pour qu'ils bougent

– penser que cette pensée génère leur mouvement, ils bougent pris entre deux vitres deux secondes deux muscles et oscillent indéfiniment

– et c'est nous qui restons statiques, avec nos simagrées nos gesticulations

– penser que leur ombre change dans une toute autre direction, que la danse se poursuit ailleurs, une forme fuit qu'on n'a pas le temps de cerner, ou c'est ce son, impossible à identifier, il s'infiltre profond, bat le rappel, ou le reflet d'une vitre, celui-là, l'autre ailleurs, l'ailleurs est plante carnivore aux tiges croissantes, lianes lancées qui s'entortillent, s'enroulent sur tes jambes peut-être, brisent ta marche, et puis-? de quoi as-tu peur, danse


todo liste, 328


– ne pas savoir quel goût ça a, le TIPЦKЯ, ne pas savoir le prononcer

– (penser manger mais c'est peut-être un vendeur de journaux, ou d'escalopes, ou d'estragon en vrac, une échoppe de réparateur de bottes qui les recouvre de fourrure et les baigne de cire pour vous les rendre lisses et soyeuses comme des perles, elles glissent ensuite si bien que la banquise se creuse de marques longilignes laissées par les passants qui flottent par dessus patineuses indolentes et ne s'arrêtent qu'une fois au bout de l'horizon, bout de la glace blanche, bout du pôle nord, bout d'extrapole, bout de jointure de terre – et en ce cas TIPЦKЯ veut dire "aller plus loin")

– quand tu cliques sur les cases grises elles ne s'allument pas, ce jeu cassé

– mais ce n'est pas un jeu le froid, cette impression d'avoir les os fragiles, que la chair les protège comme on enroule du verre dedans du papier bulle, on est anxieux et ce n'est pas un jeu ce que le vent essuie

lundi 14 mai 2012

Remercier et repartir

Le changement est effectif depuis le 8 mai. Non, je ne parle pas du président de la République mais de taulier pour les 807. Camille Philibert et Laurent Gérard ont repris la boutique numéro 807. Ils ont fait le coup en douce pendant mon exil américain. Qui part à la chasse perd sa place, dit-on. Ce voyage m'a permis d'avancer sur un autre projet littéraire dont vous entendrez parler prochainement, et de prendre cette photo.


Je souhaite bonne chance aux nouveaux tauliers, ne regrette rien et savoure toutes ces minutes gagnées chaque jour. J'en profite pour reproduire ici mon dernier 807 comme juge & partie, il me fallait terminer avec Éric Chevillard qui, le pauvre, n'a rien demandé à personne, encore moins de se faire pasticher une nouvelle fois par votre serviteur.

Merci à tous pour cette riche expérience de près de 3 ans et demi. Je ne savais pas où j'allais lorsque j'ai commencé ce projet, j'aurais été bien incapable de prévoir une telle longétivité, un tel intérêt, que des livres seraient publiés, que tant de participants se manifesteraient, que des liens pas seulement hypertextuels se créeraient. Le réseau n'est pas si virtuel.

Fin de partie

Tiens, papa, c’est pour toi, me dit Agathe en me tendant un petit bouquet vert cueilli dans mon dos tandis que je me livrais, accroupi, au dénombrement annuel des brins d’herbe de ma pelouse. Merci, ma chérie belle – et j’arrachai sèchement le huit cent septième qui me chatouillait l’index pour lier sa gentille offrande.
(l'Autofictif n° 1347, 18 septembre 2011)


Tiens, taulier, c'est pour toi, me dit Éric Chevillard en me tendant un petit livre blanc composé dans mon dos tandis que je me livrais, assis devant mon clavier, à la programmation quotidienne de ce blog. Merci, mon chéri beau – et je mis sèchement fin à mon aventure bloguesque, décision qui me chatouillait l'esprit depuis longtemps, pour lire L'Auteur et moi, sa gentille offrande.
(les 807 n° 1430, 21 avril 2012)

~ Éric Chevillard, Franck Garot