samedi 4 février 2012

Items 171 et 208

Alors que viennent de paraître chez publie.net les 180 premières todo listes, je vous propose ce soir, après les numéros 73 et 134, deux nouvelles images de votre serviteur augmentées des mots de Christine Jeanney.

Si je vous conseille la lecture de l'epub, ce n'est pas pour mes talents de photographe, je connais mes limites, mais c'est avant tout pour la poésie de Christine et la qualité de bon nombre de photos.

Dans ma todo liste perso, il y a deux projets qui commencent à prendre forme, qui mêleront musique et littérature, et qui subiront un coup d'accélérateur quand je donnerai les clefs des 807. 2012 s'annonce créatif.

todo liste, 171


– ce moment où : tu t'ébouriffes un peu, tu te masses le cou, tu orientes la lampe, le maquillage, un trait de bleu qui a coulé, le réécrire, l'estompe du noir à accentuer, les cils sombres comme tu le veux, rire quand l'autre passe, on se congratule mais le rétablissement à la dernière seconde, quel frisson, tu as caché l'hésitation sous une maladresse comique, on s'en est bien sorti cette fois

– ce moment où : la pénombre, le rideau, les coulisses, l'isolement, au dedans, soi dans l'obscur, se deviner, s'espérer, s'attendre, se chercher fébrile comme on retourne en trombe le contenu fou d'un tiroir

– ce moment où : tu te rassembles, chaque muscle en toi retrouve sa place, sa tension juste, tu es une mécanique huilée, une boule parfaite, parfaite sphère qui va se déployer dans toutes les directions, tu as confiance, malgré cela tu trembles

– ce moment où : arrive le lever, debout, la pénombre, le rideau, la lumière crue, à l'intérieur tu hurles que tu n'as pas peur, bravache, tomber ou s'envoler, les deux mon général, tu respires, mais tu voudrais qu'avant, d'un doigt seulement, on te caresse la joue, quelqu'un


todo liste, 208


– ah ! le gratin de chx fleuy, j'adore ça

– vous m'en mettrez trois tripotées, ma bonn'dame, avec un kilo de scr et ce sera tout

– vous n'êtes pas très causante par contre, malgré l'accorte face qui vous caractérise, êtes-vous sûre que ça va ?

– et là, elle ôte ses mains de bois qu'elle enlève comme des gants, pose sa tête sur la table avec un grand soupir, saisit la chaise et s'y assoit, cette fatigue qu'elle a, elle commence à parler, à parler, ça fait un grand tapage, les passants dans la rue s'arrêtent pour l'écouter, aucun n'ose l'interrompre, et même encore maintenant, dans cette rue-là, les gens y pensent, parfois ils s'interpellent, ils se disent (pas trop fort, avec des airs pudiques) Tu te souviens du jour ? et de ce qu'elle a dit ? et puis ils hochent la tête (là des airs entendus), ils se souviennent, et même très bien, de quand la femme de bois a égrené sa peine en vidant sa caboche et du monceau de plaies qu'elle a mis sur la table, et comme c'était grotesque et touchant à la fois

3 commentaires:

Dominique Hasselmann a dit…

Ces photos n'étaient pas passées inaperçues : mais le coup de miroir les relance agréablement,et l'entracte chez Christine Jeanney est ainsi prolongé avant le détour gastronomique !

M agali a dit…

J'espère, Franck, que l'une de tes photos aura l'honneur d'illustrer le 807° item!
Bravo à Christine et à toi.

Joël H a dit…

ça me plaît bien!