En 2007, pour la publication du livre de Jean-Paul Lamy, Mot Compte Double avait proposé comme contrainte à ses chroniqueurs d'écrire un texte à partir du titre. Il a donc été question de goélands. Bien entendu, j'ai répondu à l'appel et j'en ai profité pour y mêler des thèmes qui m'intéressent : Hugo, fiction/réalité, Baudelaire, poésie, Boudin, souvenir, Honfleur...
J'en parle ce soir car j'ai récemment relu ce texte, Le banc du goéland, notamment parce que j'avais l'ambition de le réduire à 100 mots. J'en parle aussi parce qu'il me revient ce projet de recueil de haïkus inspirés d'artistes et écrivains, des phares comme le disait Baudelaire. En voici un sur Baudelaire justement, qui finalement, mieux qu'en 100 mots, résume parfaitement mon Banc du goéland, comme quoi, la concision...
J'en parle ce soir car j'ai récemment relu ce texte, Le banc du goéland, notamment parce que j'avais l'ambition de le réduire à 100 mots. J'en parle aussi parce qu'il me revient ce projet de recueil de haïkus inspirés d'artistes et écrivains, des phares comme le disait Baudelaire. En voici un sur Baudelaire justement, qui finalement, mieux qu'en 100 mots, résume parfaitement mon Banc du goéland, comme quoi, la concision...
Assis sur un banc
Charles regarde la grève
Un goéland pleure
Je dois avouer être fier de ce haïku, notamment pour le double sens des mots banc, grève et pleurer (un goéland pleure, comme un mouton bêle). Seulement, écrire un haïku comme celui-ci tue dans l'œuf tout projet de recueil, car mes autres haïkus, à côté de celui-ci, paraissent nullissimes.
Alors, j'invite ceux qui aimeront le début du texte à continuer leur lecture sur Mot Compte Double qui regorge de pépites (Joël Hamm récemment).
Alors, j'invite ceux qui aimeront le début du texte à continuer leur lecture sur Mot Compte Double qui regorge de pépites (Joël Hamm récemment).
Le banc du goéland
Honfleur, mai 1859. Il regarde par la fenêtre le jardin puis, au-delà, l’estuaire où la brume matinale termine de se lever. Il ne voit pas encore Le Havre, ni les voiles au loin remontant vers Harfleur. Aucun bruit dans la maison-joujou ; sa mère est certainement sortie. Il décide d’aller se promener. Il descend au rez-de-chaussée, enfile son manteau, hésite à prendre son chapeau, finalement non, il sort sans, descend les six marches pour gagner la rue, cette rue qui portera un jour son nom. Il se dirige vers la Seine. Quelques minutes plus tard, il débouche sur la place de la batterie avec son phare fraîchement édifié. Il aperçoit un goéland tranquillement perché sur un banc face à l’estuaire. Solitaire. [lire la suite]