dimanche 14 décembre 2008

La reine du Burger King

La femme de ma vie s’appelle Clara. Elle est étudiante en langues, comme moi, et travaille dans un Burger King pour payer ses études. J’avais postulé moi aussi mais je n’ai pas les arguments de Clara. Il faut avouer qu’elle a des seins énormes. Ce qui convenait parfaitement à Matt, le manager, qui l’a immédiatement embauchée sans autres références que son bonnet F.
Il n’a pas regretté. La fréquentation du fast food a augmenté. Le restaurant est situé à côté d’un lycée. Clara fait un peu d’ombre à ses collègues, c’est indéniable ; la queue est bien plus longue devant le décolleté de Clara. Les mâles ados perdent leur contenance lorsqu’ils doivent passer commande. Ils bredouillent en rougissant devant les copains qui s’esclaffent. Lesquels copains se décomposent quand vient leur tour. Car la deuxième arme de Clara, ce sont ses yeux. Quand elle plante dans les vôtres son regard vert, vous êtes hypnotisé. Et pour achever ces petits coqs, elle use de sa démarche légèrement insolente quand elle leur tourne le dos pour chercher leur Whopper et leur Pepsi. Ils sont accros, ils reviennent, et Matt applaudit. Et on s’étonne ensuite de l’augmentation du nombre d’obèses.

Tout succès a ses revers. Matt ne la lâche pas. Il ambitionne de mettre ses paluches sur les seins de ma Clara. Alors qu’ils me sont complètement réservés. Personne d’autre que moi n’a l’autorisation de les caresser, les pétrir, les lécher, les téter. Tout comme le reste, qui ne regarde que Clara et moi. Elle lui a bien signifié plusieurs fois mais il insiste. Et que je t’effleure les fesses, et que je te pose la main sur l’épaule, « oh sorry Clara ». Elle l’a gentiment éconduit à chaque fois. Il a bien essayé le chantage, la menacer de la virer. Cependant, elle le sait incapable de tirer un trait sur le chiffre d’affaire en hausse depuis qu’elle travaille ici.
Alors hier soir, il a tenté son va-tout. Il s’est arrangé pour faire la fermeture avec elle. Elle mettait les chaises sur les tables avant de nettoyer le sol lorsqu’il l’a saisie par la taille. Il s’est collé à elle en lui susurrant des « Clara, I love you ». Elle a compris qu’elle allait y passer lorsqu’il a commencé à dézipper son pantalon. Elle l’a alors violemment repoussé d’un coup de rein, elle a arraché une chaise du sol et lui a asséné un violent coup sur la tête. Il a effectué un superbe demi-tour, deux pouces au-dessus du sol, avant de s’affaler méchamment sur la banquette derrière lui. Il ne bougeait plus quand elle est partie. Elle s’était quand même assuré qu’il respirait encore.

Je prévois une forte chute du chiffre d’affaire du Burger King dans les prochains jours. Après un câlin coquin dont elle a le secret, elle m’a dit : « Mary, ma chérie, je crois que les lycéens vont se mettre à la salade. Je vais postuler pour le Salad Queen ». Le ministère de la Santé va apprécier.
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Ce texte a été publié sur le blog de Magali Duru le 8 octobre 2008
Photo : Singapour 2005, (c) Magali Duru

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