vendredi 11 novembre 2011

Poker is War : ménage(s) à trois

Noël approche et vous avez sûrement des amis qui jouent au poker. Veinards, voici l’idée de cadeau idéal.

De quoi qu’on parle ?
Ça commence comme ça :
Vous avez longé la plage de Barceloneta jusqu’au Gran Casino pour jouer un side event de l’EPT à 1 100 €. Vous êtes Soren, la tête encore emplie des beats de LCD Soundsystem que vous avez vu la veille au Razzmatazz, la mythique salle de concert de Barcelone. Vous avez passé la semaine chez votre frère qui s’est installé dans la capitale catalane depuis quelques années. Les tribulations du groupe new-yorkais raisonnent dans votre crâne comme une promesse non tenue, celle de se préparer sagement avant un grand événement, reposé. Bref...
Vous descendez à présent le grand escalier qui mène à l’arène, immense, où le bruit des jetons se mêle aux cris des lutteurs. Vos yeux, une fois habitués aux lumières vives et à la décoration clinquante, se mettent à pétiller. Les pros affluent de toute part. Elky, l’un des plus médiatiques, rôde à proximité. Il accepte gentiment de poser en photo. À 29 ans, vous retrouvez une âme de midinette.

Quittons Barcelone, nous voici quelques semaines plus tard à Vienne :
Décembre glacial à Vienne, un couple descend tranquillement la rue Herrengasse quasi déserte, sans prêter la moindre attention aux palais qui la bordent. Les lampadaires et les décorations de Noël bavent une lumière pisseuse sur des flaques d’eau qui virent doucement à la glace. Elle lui a demandé cette promenade malgré le froid, en sortant du Café Central où ils venaient de dîner malgré les touristes. Quelques pas avant de rejoindre leur hôtel. Ils ne s’enlacent pas, ni même ne se tiennent par la main. Ce couple, c’est Siyah et moi. Nous sommes jeudi, je l’ai rejointe ici aujourd’hui directement de Toulouse. Elle participe à l’étape autrichienne du 3 Länder Poker Tour avant l’EPT de Prague la semaine prochaine. Gwen viendra demain, de Paris, il voulait vérifier si sa Mustang était aussi rapide sur le trajet Toulouse-Paris que Paris-Toulouse. Je n’ai rien pu savoir de la vie de Siyah pendant le dîner. Je ne connais d’elle que ce que j’ai pu glaner sur les sites de poker, rien de plus. En revanche, elle a réussi à me faire parler, elle sait tout : mon ancien boulot de consultant, mon ambition de devenir un joueur pro peut-être un jour, mes histoires de famille, mais surtout, que je suis célibataire. Je profite du calme viennois pour en savoir plus sur ses relations avec le Breton.

Vous venez de lire deux passages de Poker is War, livre que j’ai coécrit avec Yann Le Dréau et Alexis Beuve. Mais ne vous y trompez pas, ce n’est pas un roman ! C’est avant tout un traité de poker, sûrement le plus ambitieux des livres de poker en français. Pour vous en rendre compte lisez plutôt les extraits techniques sur le site de l’éditeur.


Pourquoi moi ?
Couverture Poker is War (c) PraxeoCe n’est bien sûr pas pour mes compétences pokéristiques que les duettistes m’ont recruté pour ce projet. Ils voulaient que chaque leçon se passe dans un lieu différent, plus ou moins lié au sujet, des personnages qui évolueraient, une intrigue, un dialogue continu. Ils ont pensé que je pourrais les aider, ce que j’ai certes beaucoup fait au début, beaucoup moins sur la fin car les deux compères ont progressé.

Ce fut ma première expérience de coécriture, j’avais déjà corrigé des livres Praxeo (jeu de go, poker...), mais jamais je ne m’étais impliqué ainsi, sur un an. Et le résultat est à la hauteur des ambitions affichées par Yann et Praxeo. Les lecteurs sont ravis (notamment le premier d’entre eux).

Bien entendu chacun a apporté ses connaissances, ses centres d’intérêts, ses expériences, côté musique, dans Poker is War on écoute Satie, LCD Soundsystem, Thin lizzy, pour les lieux on voyage à Istanbul, Penmarc’h, Malte, etc. Écrire à trois permet l’effervescence d’idées qu’il faut ensuite canaliser et ordonner pour publier un livre qui tienne la route. Des discussions interminables, des chapitres à récrire entièrement. Tout ceci est extrêmement enrichissant (je suis incollable sur les opérations Silver et Gold pour avoir visionné pendant des nuits des interviews des protagonistes, je sais à quoi ressemble la gare maritime de Büyükada, qu’un train entre Prague et Vienne peut s’appeler Klimt, Mahler, Dvořák...), mais j’ai dû mettre entre parenthèses d’autres projets, purement littéraires ceux-là. Voilà pourquoi je ne suis pas prêt de recommencer un tel projet.


Deuxième trio
Enfin, cette présentation ne serait pas complète si je ne parlais d’Ivan Seisen ! Ivan a illustré l’ouvrage avec de nombreux dessins drôles qui permettent une saine aération. Il a travaillé avec Yann et Alexis ; je ne l’ai rencontré qu’à la soirée de lancement du livre au club Montmartre Hold’em (excellent club, excellent accueil). Un petit exemple du talent d’Ivan avec cet humour de joueur de poker.

(c) Praxeo

Ça sent le sapin !
Le livre vaut 59 euros, fait 608 pages, et en plus d’être bon, il est beau. Alors n’hésitez pas à l’offrir, les joueurs savent déjà que l’investissement est « grave EV+ ». Et ça tombe bien : le 11 décembre 2011, Praxeo investit l’AS Vegas à Paris.

(c) Rodolphe EngelLa dream team photographiée par Rodolphe Engel (de g. à d.) : Franck Garot, Yann le Dréau, Alexis Beuve, Ivan Seisen.

lundi 7 novembre 2011

Items 73 et 134

Christine Jeanney que l'on peut retrouver sur les 807 et sur son site tentatives, en plus des publications en papier ou en numérique propose chaque jour une liste de quatre choses à faire sur photo offerte, le tout à lire et à regarder sur toto liste. La proposition étant séduisante, je lui ai envoyé deux photos. Voici le résultat (photos de votre serviteur et textes de Christine Jeanney).

toto liste, 73


– penser tout jeter avec les larmes

– danser de joie mais sans danser, parce que pendant qu'on bouge on ne voit pas les flammèches, le bleu fumé, l'orange, la soie de l'orange filée et la braise

– penser des tas de petites bêtes terrorisées, surtout celles qui ne vivent qu'un jour et ne se souviennent pas de Londres

– se dire que dans quelques heures ce sera froid, gris, poussiéreux, intéressant, qu'un détective anglais en tirera des enseignements, saura combien de temps on a dansé de joie sans danser et ce qu'on a jeté, le nombre de larmes exactes qui auront roulé sur les braises, le petit bruit qu'elles auront fait en se recroquevillant, leur fin de vapeur ou de feu d'artifice minuscule


toto liste, 134


– la première chose à faire : compter les branches (plus de 800 mais à peine plus), compter les feuilles visibles (plusieurs centaines et sept unités, forcément)

– cet être hybride sur la pointe des pieds, difficile pour lui de s'orienter, de manipuler sa tête lourde qu'il doit poser au sol pour respirer, puis il produit un cliquetis en forme de respiration ou de soulagement, peut-être cet endroit propice

– sa tête lourde, dans sa tête une boîte noire qu'il comble (car il abhorre le vide) d'arbres à l'envers, de perspectives, de cloches (trois), marrons et cornettes bicolores, bogues écrasées maladroitement, kleenex, capsules, canettes sucrées, sapins déprime, accents anglais, drapeaux germains, foule de pensées non explicites

– le lendemain au même endroit, il n'y est plus (cette espèce migre, furtive)

mercredi 2 novembre 2011

Et de 100 !

Ce soir, nous éclairons les coulisses des 807 et annonçons une bonne nouvelle.

Les 807 côté coulisses
Je viens de publier mon 100e 807. J'ai profité de ce texte pour parler de cette expérience du point de vue du taulier. Je le reproduis ici. Ceci dit, malgré le titre de ce 807, ça continue, et les propositions sont toujours les bienvenues.
C'était les 807

C'était chaque jour vérifier la messagerie du blog, puis une seconde, voire celle de Facebook, car les contributions venaient de toutes parts. C'était lire, relire, accepter, refuser, corriger, traduire, parfois récrire. C'était répondre à tous, toujours. C'était aussi échanger, donner et recevoir, parler style, règles. C'était découvrir de nouvelles voix, de nouveaux horizons, de nouveaux projets. C'était faire des erreurs, sûrement. Mais c'était aussi rencontrer certaines de ces voix dans le réel, pour un déjeuner, un événement. C'était se dire qu'on ne respirait plus, qu'il fallait arrêter, et on arrêtait, et on recommençait, différemment, certes, mais on recommençait tout de même, et on arrêtait de nouveau, pour mieux recommencer. C'était se demander pourquoi cette addiction, pourquoi perdre un temps précieux parce que rare, se dire néanmoins qu'on continuait d'apprendre. C'était annoncer le programme, les changements, les suspensions faute de propositions, faute de temps. C'était voir les jours passer et le stock diminuer, jusqu'à écrire à la dernière minute pour que le flux continue. C'était retravailler des images pour qu'elles rentrent en 520 de large, trouver un lecteur pour écouter le son. C'était composer de la musique, l'enregistrer. C'était prendre des photos qu'on utiliserait et qu'on n'utilisera jamais. C'était se connecter à l'interface du blog, de la maison, de New York, Londres, Bangkok, Chişinău... C'était corriger après publication des fautes de participe passé qu'on avait oublié voire oubliées, ou régler un problème de programmation, l'objet publié trop tôt ou trop tard. C'était tenter de nouvelles choses, sur le fond, sur la forme, tenter des pastiches comme celui-ci, maquiller des fêlures et les donner à lire, ou au contraire inventer une histoire. C'était publier un livre, puis en préparer un deuxième. C'était envisager une lecture publique. C'était accepter tout le monde, du moment qu'il ait quelque chose à dire, sans aucune discrimination quelle qu'elle soit. C'était rester seul maître à bord, taulier malgré soi, assumer ses choix, ses erreurs. C'était certains jours haïr ce nombre, violemment, le considérer comme un triple six. C'était s'étonner que ça tienne toujours, que ça intéresse encore, ne pas comprendre ce que ça signifie, et se demander jusqu'où ça irait dans l'hypothèse improbable que ce chemin mène quelque part. C'était enfin ne pas savoir comment remercier chacun, participant ou lecteur.


C'était mon 100e.

C'était un pastiche
C'était, Joachime Séné, publie.net, 2011Le texte que vous venez de lire est un pastiche du C'était de mon comparse de pastiches.net, Joachim Séné. Je vous ai déjà parlé de ce projet en janvier : C'était les Glossos. Je ne redirai pas une nouvelle fois le bien que j'en pense, mon pastiche s'en chargera aujourd'hui.
Mais il me faut vous annoncer que publie.net (évidemment) a décidé de publier le texte en epub. Vous le trouverez en cliquant sur l'image ou sur ce lien. Et ceux qui n'ont pas encore de liseuse ou de tablette pour lire un fichier epub peuvent se réjouir de l'existence de logiciels tels l'add-on EPUBReader 1.4.1.0 que j'utilise pour Firefox.
Bien sûr, depuis mon article de janvier et de la première version du texte en pdf, Joachim a continué l'écriture pour que l'année s'achève et qu'elle recommence, identique à la précédente.